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Birmanie : l'incohérence totale de la France
Alors que Bernard Kouchner, Ministre des Affaires étrangères, vient de prendre ouvertement la défense de Total lors d'une conférence de presse à Bangkok (1), les Amis de la Terre condamnent fermement ce soutien et appellent de nouveau le gouvernement français à prendre rapidement ses responsabilités en dénonçant sans ambiguïté la présence du groupe en Birmanie.Si l'Union européenne a fait un grand pas en avant le 15 octobre dernier en renforçant les sanctions économiques contre la junte birmane, y incluant notamment le bois, et validant ainsi l'utilité des pressions commerciales, Bernard Kouchner, quant à lui, semble prendre la direction inverse. De façon complètement incohérente, il a exprimé ce matin à Bangkok son soutien explicite au groupe Total, affirmant à tort que son départ nuirait aux populations birmanes et thaïlandaises.
Gwenael Wasse, chargé de la Responsabilité sociale et environnementale des entreprises aux Amis de la Terre, est choqué : « On pensait le temps du soutien à Total enfin révolu et la rupture consommée, mais on a maintenant la confirmation qu'il n'en est rien : la France soutient toujours aveuglément sa première entreprise, privilégiant ses bénéfices par rapport aux droits de l'Homme tout en instrumentalisant les populations locales et des pays voisins ». Il ajoute : « Si Bernard Kouchner est ouvertement favorable à des sanctions dures contre l'Iran, sa position est beaucoup plus incohérente sur la Birmanie. Dans son discours de clotûre du Grenelle de l'Environnement, Nicolas Sarkozy déclarait pourtant que la responsabilité française était de donner l'exemple...».
Les Amis de la Terre rappellent qu'à côté des 14 millions de dollars dépensés par Total depuis 1998 pour son programme socio-économique en Birmanie (2), le groupe verse aussi 500 millions de dollars chaque année dans le cadre de son contrat pétrolier avec la junte pour l'exploitation du gisement gazier de Yadana. Cette somme finance directement la corruption et les gravissimes violations des droits de l'Homme dont souffrent au quotidien plus de 50 millions de birmans. Le 10 octobre dernier, l'opposition démocratique birmane en exil, reçue quelques jours plus tôt par Nicolas Sarkozy, a pourtant condamné fermement la présence du groupe sur place, demandant que « soient gelées ou abandonnées toutes les activités liées au gaz ». Gwenael Wasse conclut : « Apparemment, les intérêts de Total comptent plus que celle des démocrates birmans ; espérons que la France corrigera très vite ce faux pas diplomatique ».
(1) Bernard Kouchner défend la présence de Total en Birmanie, Le Monde, 30/10/2007
(2) source Total (cf. http://birmanie.total.com/fr
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