Friday, October 13, 2006

Voyage en Malaisie

Quelques photos de notre semaine passée à Penang... A few pics of our week spent in Penang.
Enjoy!












Notre guest house... avec nos colocs de quelques jours..

Monday, October 09, 2006

Le silence des morts

Anna Politkovskaïa ne peux plus parler. Assassinée à cause de son courage, la mort l'a réduite au silence. Nous, par contre, nous sommes bien vivants, et nous avons la parole et les actes. Pour la tchétchénie, parlez-en, lisez les bouqins, et faites pressions sur vos autorités locales et nationales. Il existe en France beaucoup d'associations qui se battent pour que la vérité soit entendue et pour que la Tchétchénie soit soutenue.
Voici quelques sites intéressants:


COMITE TCHETCHENIE:

Etudes Sans Frontières TCHETCHENIE:
http://www.esf-tchetchenie.org/taxonomy/term/10

Anna Politkovskaïa, une des rares journalistes à dénoncer la situation en Tchétchénie
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-821281@51-821230,0.html


Primée à l'étranger, notamment par le Pen Club International et en 2003 par le prix du Journalisme et de la Démocratie de l'OSCE, Anna Politkovskaïa avait publié plusieurs livres, dont Voyage en enfer. Journal de Tchétchénie, qui avait eu un large écho lors de sa sortie en 2000 en France. Rare journaliste russe à couvrir encore la deuxième guerre de Tchétchénie, lancée par Moscou en octobre 1999, elle écrivait régulièrement dans le bi-hebdomadaire Novaïa Gazeta de longs articles dénonçant les assurances de normalisation en Tchétchénie du président Vladimir Poutine.
Très critique de la politique de Moscou dans le Caucase mais aussi plus largement du tournant autoritaire pris par M. Poutine, cette femme de 48 ans aux cheveux poivre et sel et au verbe acéré venait de publier La Russie selon Poutine, paru au printemps en France.

Pour Amnesty International, comme pour de nombreux observateurs en Russie, Anna Politkovskaïa a été "visée en raison de son travail de journaliste témoignant des violations des droits de l'Homme en Tchétchénie et dans d'autres régions de Russie". L'organisation internationale "appelle les autorités russes à enquêter sur son meurtre de façon minutieuse et impartiale". "Il est évident que la première version qui vienne à l'esprit est celle d'un meurtre lié à ses activités professionnelles", estime lui aussi Vitali Tretiakov, rédacteur en chef du journal Moskovskie Novosti.

Détenue en Tchétchénie

"Elle ne disait pas se sentir menacée", selon Tatiana Lokchina, directrice de l'ONG Demos et spécialiste du Caucase, qui venait de participer à une conférence sur la Tchétchénie à Stockholm avec Mme Politkovskaïa, invitée fréquemment à des colloques à l'étranger.

Alors qu'elle se rendait en avion à Beslan pour couvrir la prise d'otages en septembre 2004 dans une école de cette ville du Caucase par un commando pro-tchétchène, la journaliste avait été victime d'une intoxication. Elle avait accusé les autorités d'avoir empoisonné le thé qui lui avait été servi à bord.

En février 2001, cette lauréate de la Plume d'or (prix de l'Union des journalistes de Russie) avait été détenue plusieurs jours par les forces russes en Tchétchénie, une arrestation qu'elle avait liée à son enquête sur un centre de détention de l'armée."Pour la Tchétchénie, c'est une grande tragédie, c'était une des dernières journalistes à couvrir la guerre, à rapporter avec constance les violations des droits de l'Homme", a souligné Mme Lokchina, évoquant ses articles sur les abus commis par les forces fédérales russes mais aussi par les milices redoutées de Ramzan Kadyrov, l'homme fort de Moscou dans la république du Caucase.

"Elle critiquait beaucoup Kadyrov, elle était l'une des rares à se le permettre", relève Mme Lokchina. Son dernier article dans Novaïa Gazeta, au début du mois, intitulé "Entente punitive", évoquait la terreur menée par les milices de Ramzan Kadyrov.

Sunday, October 08, 2006

Ramadhan Time

Aceh: Tsunami & Conflit

Voici des extraits d un article que j'ai ecrit pour la newsletter de l ONG pour laquelle je travaille, afin de vous donner une idee du contexte.

" Du fait de l’exceptionnalité et l’ampleur de la catastrophe, de son côté terrifiant et aveugle, les caméras se sont braquées sur la destruction de la vague géante en oubliant les spécificités locales. Pourtant, la vie existait avant que le tsunami dévaste les côtes, et nous ne sommes pas face à une même réalité entre la Thaïlande et Aceh… la région d’Aceh est déchirée par une guerre civile depuis 30 ans entre le GAM, groupe armé indépendantiste, et l’armée indonésienne et ses tristement célèbres milices. Au milieu du conflit, une vie quotidienne s’organise depuis 30 ans. Une vie de tous les jours, anonymes, ponctuée par les barrages de l’une ou l’autre des parties, par les balles qui sifflent, aveugles, les humiliations quotidiennes, les tortures, la peur, la délation, le deuil, l’incertitude du lendemain. On va au marché du village voisin, situé à 1,5 Km par la route principale à 15 dans une voiture, afin de ne pas passer seul et à pied devant le poste de l’armée. Il s’agissait avant le tsunami de ce quotidien là, où la moindre activité banale devient compliquée, où sa survie et celle de sa famille est mise en jeu… pendant 30 ans.

Le tsunami qui a dévasté Aceh, (...), a été terrible. La vie a été bouleversée, les liens sociaux anéantis. Il n’y a personne qui n’ait perdu des amis proches et de la famille directe. Les repères sociaux, géographiques et physiques ont été démolis ( +/- 50% de la population décédée à Lhoong, 24 villages littéralement rasés, la côte mangée par la mer, les champs détruits).

Triangle GH a implanté en février 2005 à Lhoong le programme psychosocial orienté sur la reconstruction du lien social, focalisé comme les autres organisations d’aide internationale sur le tsunami et ses conséquences. La reconstruction des personnes en encourageant le lien social est un travail de longue haleine que le bailleur a été prêt à accompagner, en donateur compréhensif des réalités du terrain. Le 1er volet du programme social s’est déroulé dans un contexte d’urgence et de chaos. En un an et demi, ont pu se mettre en place des activités diverses :

· Activités avec les enfants : dépasser le trauma, développer l’enfant

· Formation professionnelle (couture, cuisine, électricité, mécanique, informatique, menuiserie) : re-diffuser les savoir-faire perdus avec les disparus du tsunami

· Relance de 2 groupes de chants et danse traditionnels : re-former les groupes avec les survivants, retransmettre la culture locale, retrouver ses repères culturels et identitaires

· Cinéma dans les baraques : créer des moments récréatifs partagés par la communauté

· Relance des groupes Arisan (sorte de « tontine » indonésienne, groupe d’épargne-crédit traditionnel)

· Soutien à des projets communautaires (matériel de déblaiement de terrain, pâtisserie/boulangerie communautaire, …)

Des activités toutes caractérisées par un même dénominateur commun : agir ensemble, se projeter dans une activité communautaire, se resituer dans le groupe => reconstruire le lien social.

Ce premier projet psychosocial s’est focalisé sur le contexte d’urgence, par nécessité.

En juin 2005, le conflit s’achève à Aceh, Aceh obtient à terme une autonomie, une atmosphère de paix s’installe. Le trauma immédiat au tsunami est moins prégnant, ceux du conflit, plus profonds, moins évidents, non exprimés jusqu’à maintenant refont surface.

Ainsi le second programme psychosocial sur Lhoong est il la continuité du premier tout en s’adaptant aux problématiques nouvelles qui surgissent. L’enjeu de ce programme est double.

(1) Il s’agit d’abord de poursuivre les activités du premier programme psychosocial en orientant sur le post conflit : encourager les dynamiques sociales et de solidarité entre les villages. La base de la vie détruite par le tsunami s’est reconstruite, mais elle se reconstruit en fonction de ce qu’il y avait avant : un quotidien de peur, de délation, de rumeurs, cloisonné par village si ce n’est par maison. Pourtant, l’environnement a changé : climat de paix, ouverture aux autres régions, au reste du pays, aux pays voisins, à l’international. Il s’agit donc d’accompagner la reconstruction d’un lien social effrité, rabougri par 30 ans de conflit inexistant pour les médias internationaux.

Les activités du 1er programme se poursuivent, s’adaptent à la nouvelle problématique et se diversifient. Exemples : intégration à la formation cuisine d’une formation informatique et aux bases de comptabilité ; la production de la formation couture est pour la communauté : pour tel ou tel groupe traditionnel, uniformes pour les orphelins de tel ou tel village, Cinéma éducatif dans les écoles…

(2) Le 2nd enjeu est de préparer sa sortie. Il serait dommage de quitter Aceh après 2 ans et demi de programmes psychosocial quand on sait que le temps de la reconstruction sociale est long. Il serait très regrettable de partir et laisser un vide que l’on a comblé au lendemain du tsunami. Un programme psychosocial ne s’implante pas en 6 mois, et ne peut se terminer brusquement sans une sortie préparée. Le bailleur a accepté de financer le second programme psychosocial qui prépare la sortie de TGH de Lhoong.

Les activités Enfants, de Formation Adultes et de Micro Finance, rassemblé en un Centre de Ressources Communautaires seront reprises petit à petit par les locaux : par une association locale gérée par le staff locale de TGH pour la formations et les activités Enfants d’une part, et par une Coopérative de Finance gérée par des membres issus des groupes Arisan du 1er programme d’autre part.

Non seulement, ce programme psychosocial aura pu décliner sous différents angles la reconstruction des personnes et du lien social : des animations Enfants à la Micro Finance en passant par la formation professionnelle pour les adultes et le soutien de groupes culturels ; mais il aura eu aussi la chance et le temps de préparer sa sortie pour une durabilité du soutien psychosocial apporté dans le contexte d’urgence."

Sunday, October 01, 2006

US: loi votée: légalisation de l'emprisonnement arbitraire?

George Bush impose sa loi sur le traitement des "ennemis combattants illégaux"
LE MONDE 29.09.06

Après un semblant de bataille autour du principe d'habeas corpus, qui stipule que nul ne peut être détenu indéfiniment sans procès, le Sénat américain a adopté, jeudi 28 septembre, la loi sur la détention et le jugement des prisonniers de la "guerre antiterroriste".
Déjà approuvé la veille par la Chambre des représentants, ce texte apporte plusieurs changements fondamentaux au droit américain. Pour la première fois depuis la deuxième guerre mondiale, des tribunaux militaires vont être créés pour juger des civils. Appelés "commissions militaires", ils sont composés de militaires qui peuvent, s'ils le jugent utile, prendre en considération des confessions obtenues par la force.

La loi donne, pour la première fois, une définition du terme d'"ennemi combattant" forgé par l'administration Bush, en 2001, pour qualifier les suspects arrêtés. Elle en fait maintenant des "ennemis combattants illégaux" (unlawful enemy combatant) comme pour se rapprocher de l'unique division reconnue par le droit international entre combattants légaux (les armées) et illégaux. La définition est élargie. Des étrangers soupçonnés d'apporter un "soutien matériel" aux terroristes sont passibles des commissions militaires, même s'ils résident aux Etats-Unis.
L'habeas corpus, ou droit de contester toute détention préventive devant un juge, est suspendu pour les étrangers accusés de terrorisme. Selon l'avocat constitutionnaliste Neal Katyal, c'est la première fois, en un siècle et demi, que
"le Congrès introduit une discrimination entre les citoyens et les étrangers dans le recours à la justice". Le vote du Sénat, obtenu par 65 voix contre 34, met fin à une bataille de plusieurs semaines au Congrès. La majorité républicaine était pressée d'obtenir un vote avant la fin, vendredi, de la session parlementaire. Le président Bush est encore venu, jeudi matin au Capitole, presser les sénateurs républicains. A quarante-cinq jours des élections législatives, les démocrates n'ont pas eu le coeur de lancer une manoeuvre d'obstruction. Douze d'entre eux ont même approuvé la loi, comme l'avaient fait trente-quatre de leurs collègues, la veille, à la Chambre des représentants. Le débat s'est concentré sur l'habeas corpus. "Nous allons être traités de tous les noms, de "défaitocrates", de gens qui se préoccupent plus des droits des terroristes que de la protection des Américains", a plaidé Barak Obama, l'une des figures du Parti démocrate. Mais "au lieu d'éliminer l'habeas corpus, un droit vieux de sept siècles, nous aurions pu donner à l'accusé une chance, une seule, de demander au gouvernement pourquoi il est détenu et ce dont on l'accuse", a-t-il ajouté. Les démocrates avaient négocié douze heures de débats et la possibilité de présenter quelques amendements. Hillary Clinton est intervenue pour tenter de faire passer une clause obligeant à revoir la loi dans cinq ans. "Maltraiter les prisonniers encourage la radicalisation", a-t-elle averti. John Rockefeller a réclamé un contrôle plus strict du programme de détentions secrètes de la CIA, qui peut désormais se poursuivre en toute légalité. Tous les amendements ont été rejetés. La base militante a été déçue de voir le Parti démocrate "capituler". Mais l'état-major a manifestement fait le calcul que la Cour suprême aurait probablement de nouveau à arbitrer, comme elle l'a fait en juin. Selon la Constitution, le recours en habeas corpus",
"le Congrès introduit une discrimination entre les citoyens et les étrangers dans le recours à la justice". Le vote du Sénat, obtenu par 65 voix contre 34, met fin à une bataille de plusieurs semaines au Congrès.
La majorité républicaine était pressée d'obtenir un vote avant la fin, vendredi, de la session parlementaire. Le président Bush est encore venu, jeudi matin au Capitole, presser les sénateurs républicains. A quarante-cinq jours des élections législatives, les démocrates n'ont pas eu le coeur de lancer une manoeuvre d'obstruction. Douze d'entre eux ont même approuvé la loi, comme l'avaient fait trente-quatre de leurs collègues, la veille, à la Chambre des représentants.
Le débat s'est concentré sur l'habeas corpus. "Nous allons être traités de tous les noms, de "défaitocrates", de gens qui se préoccupent plus des droits des terroristes que de la protection des Américains" , a plaidé Barak Obama, l'une des figures du Parti démocrate. Mais "au lieu d'éliminer l'habeas corpus, un droit vieux de sept siècles, nous aurions pu donner à l'accusé une chance, une seule, de demander au gouvernement pourquoi il est détenu et ce dont on l'accuse" , a-t-il ajouté.
Les démocrates avaient négocié douze heures de débats et la possibilité de présenter quelques amendements. Hillary Clinton est intervenue pour tenter de faire passer une clause obligeant à revoir la loi dans cinq ans. "Maltraiter les prisonniers encourage la radicalisation", a-t-elle averti. John Rockefeller a réclamé un contrôle plus strict du programme de détentions secrètes de la CIA, qui peut désormais se poursuivre en toute légalité. Tous les amendements ont été rejetés.
La base militante a été déçue de voir le Parti démocrate "capituler". Mais l'état-major a manifestement fait le calcul que la Cour suprême aurait probablement de nouveau à arbitrer, comme elle l'a fait en juin. Selon la Constitution, le recours en habeas corpus
ne peut être suspendu qu'en cas de rébellion ou d'invasion. Le républicain Arlen Specter a déposé un amendement pour le rétablir. Un autre républicain, le sénateur Gordon Smith, de l'Oregon, a eu les mots les plus durs. "La détention permanente d'étrangers nuit à notre intégrité morale. Le pouvoir de détenir des gens sans avoir à produire de cause est un outil de despotisme", a-t-il affirmé.La majorité n'a rien concédé. Elle a plaidé que les juges n'avaient pas "à prendre des décisions touchant à l'armée en temps de guerre". Lindsey Graham a affirmé que les détenus de Guantanamo encombraient les tribunaux de demandes futiles : "Un dictionnaire, du courrier plus rapide". La sénatrice Dianne Feinstein leur a rappelé qu'un certain nombre d'innocents étaient passés par Guantanamo.Le président entend promulguer la loi très rapidement. La gauche le soupçonne de vouloir organiser la mise en place du procès du cerveau des attentats du 11-Septembre avant les élections du 7 novembre.
Corine Lesnes - Article paru dans l'édition du 30.09.06"